De nombreuses femmes enceintes diabétiques se posent cette question : quand on a un diabète gestationnel, le déclenchement est-il obligatoire ? Eh bien non ! L’équipe médicale contrôle de très près la santé de la mère et de l’enfant tout au long de la grossesse. Le gynécologue peut tout à fait conclure que déclencher le travail n’est pas nécessaire.
En revanche, certaines situations médicales exigent une naissance avant terme, comme les risques de complications ou un bébé trop gros. Concernant la césarienne, la décision est prise au cas par cas également.
Bref, en cas de diabète pendant la grossesse, provoquer un accouchement de manière artificielle n’est pas automatique.
Voyons cela plus en détail. Je vous raconte au passage mon accouchement, déclenché à 38 semaines d’aménorrhée.
Diabète gestationnel : pourquoi le déclenchement n’est pas obligatoire
Eh bien c’est tout simple ! En cas de diabète gestationnel léger, avec des glycémies maîtrisées, aucune complication, un bébé qui va bien et grossit normalement, il n’y a aucune raison de déclencher l’accouchement avant terme.
De manière générale, un diabète bien équilibré par le régime, sans insuline et sans autres problèmes de santé associés (comme une hypertension) n’entraîne pas d’intervention.
L’échographie supplémentaire intervenant en fin de grossesse a pour but d’évaluer la croissance du fœtus. Les biométries guideront l’équipe médicale dans le choix de déclencher, ou non, l’accouchement.
Idem pour les monitorings. Destiné à contrôler le rythme cardiaque du bébé et la présence ou non de contractions chez la maman, le monitoring constitue un précieux outil de surveillance en cas de diabète de grossesse. Là aussi, en fonction du résultat de l’examen, l’équipe médicale pourra si besoin décider d’enclencher la procédure.
Grossesse diabétique : les critères menant à déclencher le travail
Quand j’ai su, dès mon premier trimestre de grossesse, que je souffrais d’un diabète, j’ai demandé à mon gynécologue si l’accouchement serait déclenché. Bon, ma question intervenait un peu tôt, mais il m’a quand même dit qu’un déclenchement à 39 semaines d’aménorrhée (donc deux semaines avant le terme) est assez fréquent.
Il m’a expliqué ceci : « En France comme dans de nombreux pays du monde, on déclenche généralement à 39 semaines quand il y a un diabète. Pourquoi ? Parce que le pancréas fonctionne pour deux et on veut éviter qu’il “lâche” sur la fin. Et à 39 SA, le bébé est prêt pour la sortie ! Il n’est ni trop gros, ni trop maigre. »
En fait, il y a trois critères principaux qui entraînent un déclenchement (un seul suffit) :
- un diabète déséquilibré, c’est-à-dire des hyperglycémies trop élevées ou des glycémies « yoyo » (alternance d’hyper et d’hypoglycémies) ;
- un bébé trop gros ;
- un traitement par insuline (en tout cas c’était la « politique » adoptée par la maternité où j’ai accouché). La prise de cette hormone n’a aucun effet secondaire sur le fœtus. Par contre, l’insulinothérapie augmente le risque de ces fameuses glycémies yoyo, qui fatiguent le bébé. C’est ce que m’a indiqué la sage-femme 🙂
Suivant le profil de la future maman, d’autres facteurs entrent en jeu, par exemple la présence d’autres pathologies.
Un accouchement déclenché implique-t-il une césarienne ?
Là encore, il n’y a rien d’automatique ! Les gynécos privilégient autant que possible un accouchement par voie basse. Une césarienne programmée intervient dans des cas spécifiques, comme un poids estimé du nouveau-né trop élevé. Dans mon cas, la limite était fixée à 4 kg. Je suis (très) menue. Pour d’autres mamans, on peut pousser jusqu’à 4,2 kg, voire plus.
Le gynécologue m’a bien rappelé qu’avec une césarienne, on entre dans le domaine de la chirurgie, et que cette intervention reste avant tout un acte d’urgence, destiné à « sauver » la maman et/ou son bébé. Programmer une césarienne ne se fait donc pas à la légère.
Autre cas de figure (et là, oui, il s’agit bien d’une urgence vitale !) : un déclenchement qui ne fonctionne pas. Le col ne veut pas s’ouvrir, la seule solution consiste donc à aller chercher le bébé directement… C’est exactement ce que j’ai vécu (et ça c’est très bien passé) !
Je vous raconte 😉
Diabète et accouchement provoqué : mon vécu
Les raisons qui ont conduit à déclencher mon accouchement
Les médecins ont décidé de déclencher mon accouchement à 38 SA. Motif : je m’injectais de l’insuline cinq fois par jour, et ce depuis le début du troisième trimestre. De plus, une écho réalisée à 36 SA avait montré que le fœtus grossissait (trop) vite. Le poids estimé (3,052 kg) atteignait à ce moment-là le 93e percentile.
Bon, il se trouve qu’à la naissance, mon fils était plus « maigre » que deux semaines plus tôt ! Jim est né à 38 SA + 1 avec un poids de 3,030 kg ! Mais passons (gardons en tête qu’il y a une marge d’erreur de 15 % dans l’évaluation du poids lors des échographies) !
En revanche, mon diabète était équilibré et les monitorings hebdomadaires (commencés dès la 26e semaine d’aménorrhée) très rassurants.
Les détails, de l’annonce du déclenchement jusqu’à la naissance !
La sage-femme m’appelle le 17 juin au matin et m’annonce : « Votre accouchement sera déclenché le 29 ». Le choc ! Je m’attendais à une date plus tardive. D’ailleurs, je dois prendre ma glycémie peu après et je découvre un incompréhensible 1,70 g/L sur le lecteur ! Je comprends alors qu’un petit coup de stress, une petite montée d’adrénaline peuvent faire grimper la glycémie illico…
C’est mon premier accouchement et j’en ai une peur bleue. J’ai un bassin étroit et n’arrête pas de me dire : « Mais il ne va jamais arriver à sortir ce bébé ! » J’en parle à chaque consultation avec le chef de service de gynécologie obstétrique de l’hôpital. La conclusion est toujours la même : aucun problème, le bébé va passer !
À un moment, il faut quand même faire confiance aux spécialistes. Alors j’essaie de rester zen, de prendre du recul. Le 29 au matin, je respire un grand coup et franchit les portes de la maternité.
La sage-femme m’ausculte et déclare que mon col n’est pas du tout prêt ! Il faudra donc passer par différentes étapes avant le déclenchement proprement dit.
Première étape : la pose d’un ballonnet. En quoi cela consiste-t-il ? Le gynéco introduit une sonde en caoutchouc dans le col de l’utérus. Cette sonde est pourvue d’un ballonnet. Une fois ce dernier en place, le médecin le gonfle avec de l’eau. Dans les heures qui suivent, il faut marcher un peu, bouger. En effet, grâce aux mouvements du bassin, le ballonnet va appuyer sur le col et l’ouvrir.
Je n’ai pas mal lors de la pose. Les contractions, elles, apparaissent environ quatre heures plus tard. Elles restent à peu près gérables jusqu’au retrait du ballonnet… le lendemain matin.
Je garde mon ballonnet 24h pile. La sage-femme semble plutôt satisfaite du résultat. Le col est légèrement dilaté (deux doigts). À ce stade, on peut normalement passer à la deuxième étape : l’administration d’hormones, les prostaglandines, qui permettent de poursuivre la préparation du col.
Problème : l’équipe médicale zappe cette procédure lorsque le déclenchement concerne des femmes très menues (dont je fais partie), car elles ressentent beaucoup plus les contractions. Seule option : insérer un nouveau ballonnet. Panique totale ! Je suis épileptique et l’accumulation de fatigue et de tension nerveuse me fait craindre une crise. Impossible de repartir pour 20h de contractions ! La sage-femme comprend très bien. Elle fait part de mon inquiétude au médecin, qui finit par accepter de laisser de déclencher l’accouchement tout de suite, malgré un col moyennement prêt.
L’anesthésiste arrive très vite pour me poser la péridurale. La sage-femme m’injecte ensuite de l’ocytocine (une autre hormone) afin de déclencher les contradctions de travail et aboutir à l’accouchement. Six heures plus tard, après un énième contrôle de mon col, il faut se rendre à l’évidence : il ne se dilate pas. Le déclenchement de mon accouchement échoue. Conséquence : césarienne.
La préparation puis l’intervention se déroulent sans stress, avec un encadrement au top : calme, compréhensif et rassurant. Au bloc opératoire, le papa et moi sommes très entourés. Sage-femme, infirmier et anesthésiste me parlent beaucoup pour détourner mon attention. Et puis, très vite, nous entendons le cri magique de notre fils :-). La délivrance, enfin 🙂
Sources qui m’ont aidée à écrire cet article :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete-gestationnel/accouchement-suivi-mere-bebe
https://www.chu-toulouse.fr/IMG/pdf/DeclenchementArtificiel403638_-_PDV-_11-08.pdf
http://hupnvs.aphp.fr/maternites/quest-diabete-gestationnel