Qu’est-ce que le MODY ? | Explication simple et complète

Le MODY : comme moi, vous avez peut-être entendu parler de cette pathologie pour la première fois chez votre endocrinologue, lorsque le diagnostic est tombé. Peut-être encore l’un de vos proches est-il touché par l’une des formes du Maturity Onset Diabetes of the Young

Quelle que soit votre situation, vous avez certainement remarqué, comme moi là aussi, que l’on communique très peu sur cette maladie en dehors de la communauté médicale et scientifique. Avez-vous déjà vu une émission de santé en parler ? Personnellement, jamais ! 

Alors, qu’est-ce que le MODY ? Il s’agit d’une forme particulière du diabète, il est vrai rare, où entrent donc en jeu un excès de sucre dans le sang et un éventuel traitement par insuline pour faire baisser cette glycémie trop élevée. Je vous dis tout ce que vous devez savoir sur le diabète MODY immédiatement !  

Un diabète rare 

C’est simple, quand on consulte les statistiques sur le diabète, on tombe 9 fois sur 10 sur cette information : 90 % des malades souffrent d’un diabète de type 2, les 10 % restant étant atteints d’un diabète de type 1. Est-ce vraiment aussi simple ? Pas du tout ! Il existe de nombreux types de diabète. Parmi ces derniers : le MODY, qui concernerait 2 % à 3 % des diabétiques. Il s’agit d’une estimation car l’on manque encore de données scientifiques sur ce point. Le MODY n’est en effet pas toujours diagnostiqué ou peut parfois être confondu avec les formes plus classiques du diabète. 

Ainsi, dans le cas du MODY 2, 0,1 % de la population française serait en réalité touché (soit un peu moins de 70 000 personnes) mais seule une petite minorité le saurait ! J’ai moi-même été diagnostiquée à l’âge de 40 ans, lors de ma grossesse, alors que la maladie s’exprime en réalité depuis ma croissance dans le ventre de ma mère ! Mon hyperglycémie avait conduit les premiers diabétologues que j’ai consultés à conclure à un diabète gestationnel. Un petit séjour à l’hôpital et un examen plus approfondi de mon profil plus tard ont mené l’équipe d’endocrinologues à réorienter le diagnostic vers un MODY 2. J’ai alors effectué un test génétique qui s’est révélé positif. 

Le MODY, un diabète aux caractéristiques bien particulières

On classe le Maturity Onset Diabetes of the Young dans les diabètes secondaires. Il se caractérise par une anomalie dans la sécrétion d’insuline. En cause : une mutation génétique qui vient modifier le fonctionnement du pancréas, l’organe qui, justement, produit l’insuline. Or c’est cette hormone qui permet de réguler le taux de sucre sanguin. Vous l’avez compris, le MODY, comme toutes les autres formes de diabète, a pour conséquence majeure une hyperglycémie, c’est-à-dire un excès de glucose dans le sang.   

Dans la communauté médicale, on dit aussi de lui qu’il s’agit d’un diabète monogénique. Pourquoi ? Eh bien parce que chez chaque patient, un seul gène muté est mis en cause dans l’apparition de la maladie. Par contre, il existe plusieurs formes de MODY (vous me suivez toujours ?). Par exemple, dans le MODY 1, c’est le gène HNF4A qui est concerné, dans le MODY 2, il s’agit du gène de la glucokinase, etc. La manifestation de la maladie, les conséquences sur le métabolisme et la prise en charge clinique sont très diverses d’une forme de MODY à l’autre, et même, plus finement, d’un patient à l’autre. 

Quand et comment devient-on diabétique MODY ? 

Contrairement au diabète de type 2, le Maturity Onset Diabetes of the Young se manifeste généralement très tôt, dès l’enfance ou à l’adolescence, et même lors de la vie in utero dans le cas du MODY 2, comme nous l’avons vu. 

C’est un diabète familial car dans la très grande majorité des cas, il se transmet par le père ou la mère. Lors de la conception, le gène muté a en effet une chance sur deux de se retrouver dans le patrimoine génétique de l’enfant. Le MODY est ainsi – pour reprendre l’appellation scientifique – une maladie génétique à transmission autosomique dominante. Les hommes sont autant touchés que les femmes. La chaîne de transmission peut toutefois s’arrêter puisqu’un enfant qui n’a pas hérité du gène muté ne pourra pas le transmettre à sa descendance. 

Les principales formes du Maturity Onset Diabetes of the Young 

Le MODY 2 est le plus répandu (50 % de tous les cas de MODY en France), suivi du MODY 3 (un quart des diabètes MODY). Quatre autres, dépendant de quatre autres gènes, sont bien identifiés. Il existe des formes isolées de la maladie en dehors de cette famille de six membres. En tout, une quinzaine de gènes ont été répertoriés. La recherche mettra certainement au jour d’autres MODY, car tous les gènes pouvant être mis en cause dans cette pathologie ne sont pas encore connus. 

Le MODY 2 ou glucokinase-MODY

Le GSK-MODY a pour origine une mutation du gène de la glucokinase, qui s’exprime dès la vie fœtale. Il s’agit plus précisément d’une enzyme qui entre en action à l’entrée du pancréas et qui, une fois mutée, ne fonctionne plus correctement. En effet, cette enzyme va bloquer une partie des glucides présents dans le sang, empêchant le pancréas de détecter la totalité des sucres ingérés par l’individu. L’organe va donc sécréter une quantité d’insuline insuffisante pour réguler correctement la glycémie. 

Le glucokinase-MODY se manifeste ainsi par une hyperglycémie permanente, qui évolue peu au cours des années. L’excès de glucose sanguin reste modéré (en dessous du seuil de 1,26 g à jeun, retenu classiquement pour définir un diabète) et aucun symptôme ne vient indiquer au médecin ou au malade lui-même qu’il est touché par la maladie. 

Les conséquences sur la santé sont mineures, voire inexistantes, dès lors que l’on adopte une hygiène de vie saine, en particulier de bonnes habitudes alimentaires. Il n’y a donc généralement pas de traitement, sauf, éventuellement, en cas de grossesse. En effet, si la mère est porteuse du MODY 2 mais pas son bébé, ce dernier va recevoir l’excès de sucre maternel et trop grossir. Il faudra alors que la maman adopte un régime alimentaire adapté et, éventuellement, s’injecte de l’insuline pour faire baisser sa glycémie. J’ai connu ce scenario lorsque j’étais enceinte. J’ai suivi sept mois de régime alimentaire antidiabète, avec instauration d’un traitement par insuline les deux derniers mois. 

Le MODY 3 ou HNF1A-MODY 

La mutation génétique s’effectue ici au niveau du gène HNF (Hepatocyte Nuclear Factor), et plus précisément du HNF-1 alpha. Le MODY 3 se manifeste d’une façon tout à fait différente du MODY 2. Il apparaît en général après la puberté. La sécrétion d’insuline présente alors des anomalies sévères et l’hyperglycémie est beaucoup plus marquée. Il est d’ailleurs parfois confondu avec un diabète insulino-dépendant (diabète de type 1)

La maladie évolue différemment selon les patients, bien que dans la plupart des cas, un traitement par insuline soit requis pour éviter les complications. Parmi les potentielles conséquences graves sur la santé, la microangiopathie est la plus fréquente. Il s’agit d’une altération sévère des petits vaisseaux sanguins, par exemple autour de l’œil, au niveau d’un rein ou des nerfs. Il existe également des porteurs sains. 

Le MODY 5 ou HNF1B-MODY

Ce diabète rare est lié à la mutation du gène HNF-1 bêta. Or, ce dernier joue un rôle majeur dans la croissance de certains organes au stade embryonnaire : le pancréas, le foie mais aussi les reins et les organes génitaux. De ce fait, les patients atteints de MODY 5 ont souvent des complications touchant ces parties de l’organisme : insuffisance rénale, atrophie du pancréas, anomalies génitales, etc. À terme, un traitement par insuline est donc souvent nécessaire.

La particularité de ce MODY est que dans environ 50 % des cas, l’hérédité n’est pas entrée en jeu : on dit que la pathologie est apparue de novo

Voilà, vous savez désormais tout ou presque sur le MODY ! 


Sources :
Association Aide aux Jeunes Diabétiques
Médecine/sciences (INSERM)
Fédération Française des Diabétiques
CHU Lille
National Library of Medicine

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