Je suis Stéphanie Langlais, maman diabétique, créatrice du blog 1 Grossesse 1 Diabète et autrice de l’ebook « Diabète gestationnel : guide pratique ».
Je travaille comme rédactrice web freelance depuis quelques années, après un parcours dans le journalisme et la communication. Ma spécialité, en dehors de mon activité professionnelle : les déménagements. J’ai changé de logement 15 fois en 15 ans. En général, je change de ville en même temps. Ça me plaît de voir du pays… Après quelques séjours à l’étranger : Madrid, Glasgow (d’où est originaire mon compagnon), j’ai posé mes valises près de Fontainebleau (je suis dans le même appart depuis 10 mois).
J’ai fait connaissance avec le diabète pendant ma grossesse, à 40 ans bien sonnés.
Un 9 novembre, je fêtais les deux barres apparues sur le test de grossesse en vidant une boîte de LINDOR. Deux semaines plus tard, je mangeais du brocolis avec un steak haché trop cuit, en ruminant les résultats de ma dernière prise de sang : 1,12 g/L de glycémie à jeun. Trop, beaucoup trop…
À moi les légumes verts, la viande (c’est dommage, je n’aime pas beaucoup la viande). Finies la baguette croustillante du matin et les pâtisseries réconfortantes. J’ai faim, j’ai très faim et je ne peux RIEN manger parmi les aliments qui me font envie. Ai-je moins de sucre dans le sang pour autant ? Eh bien non ! Alors là, c’est l’énervement, la culpabilité +++, à mesure que les taux orange s’enchaînent.
Deux semaines avant Noël, le diabétologue me fait hospitaliser. Il me prévient un vendredi à 10h. Trois heures plus tard, je suis assise dans un hall mal éclairé, au 13e étage d’une tour défraîchie surplombant le périph’ parisien. Des gens en blouse de diverses couleurs passent et repassent, en m’ignorant totalement. J’attends une bonne heure, dans une ambiance d’indifférence générale. Cette désinvolture me choque, moi qui m’imagine être le centre du monde. Mon bébé va-t-il bien malgré ce que je lui fais subir ? Si je déboule ici en urgence, c’est qu’il y a un vrai problème non ? Alors pourquoi tout le monde s’en fout ??? Voilà ce que je me dis en me tortillant sur ma chaise en plastique, le regard allant d’un bout à l’autre du couloir de gauche puis d’un bout à l’autre du couloir de droite. Je ne devrais pas avoir autant peur (ni me prendre pour le centre du monde). Après tout, je sais pourquoi je suis là : attaquer un traitement par insuline, pour enfin arriver à faire baisser cette glycémie.
Le mardi suivant, je ressors de l’hôpital sans avoir eu une seule injection d’insuline. Mieux : pendant quatre jours, j’ai mangé de la baguette et des compotes. Car, non, ce n’était peut-être pas un diabète gestationnel dont je souffrais, malgré mon âge « avancé » et un père diabétique de type 2 (deux facteurs de risque avérés de DG). L’équipe de diabétologues a brainstormé sur mon cas pour conclure : « Non, vous n’avez pas le profil ». Deux gros indicateurs : mon IMC (17 à ce moment-là) ainsi qu’une légère hyperglycémie constante depuis des années. Le diagnostic : MODY 2, un diabète génétique rare. Diagnostic confirmé quelques semaines plus tard après un test génétique.
Ma grossesse diabétique en résumé : 7 mois de régime, plus de 700 mesures de glycémie, 3e trimestre sous insuline lente et rapide.
30 juin en soirée (38 SA + 1) : naissance de mon fils Jim. 1er juillet à 10h, début du craquage : 1 boîte de Kinder Bueno.
Ce diabète, je l’ai encore aujourd’hui, deux ans après ma grossesse, et l’aurai bien sûr toute ma vie, s’agissant d’une maladie génétique. Mais j’ai une chance inouïe : c’est le plus gentil des diabètes. Ma glycémie à jeun est, et restera, bien en dessous des 1,26 g/L faisant basculer dans un diabète de type 2. Mon hémoglobine glyquée oscille entre 5,7% et 6%. À ces niveaux-là, pas de risque de complications.
Pour en revenir à ma grossesse : je la considère à la fois comme la pire et comme la meilleure expérience de ma vie. D’un côté, les problèmes de santé : diabète, épilepsie (dont je croyais pourtant m’être débarrassée), contractions dès le début du 2e trimestre, bon coup de stress avec un risque de trisomie évalué à 1/65, suspicion de problèmes au niveau du placenta. Résultat : je reste cloîtrée dans mes 35 m2, perchée au 5e étage, sans télé, sans série, sans vidéos d’aucune sorte (potentiels déclencheurs d’une crise d’épilepsie). Je passe mes journées à ruminer. On est encore en période de Covid, ma famille et la plupart de mes amis vivent loin, alors je ne vois personne (non non, mon but n’est pas de vous faire sortir les mouchoirs). Je ne sors que pour les rendez-vous médicaux (nombreux) et pour aller au marché m’approvisionner en fruits et légumes. Mais il y a aussi un bébé qui grandit, qui bouge, qui se manifeste, et cela dépasse tout le reste.
Reste toutefois une question : après mon accouchement, pourquoi n’ai-je pas voulu tourner la page, oublier ce diabète qui m’a fait plus d’une fois péter les plombs, ce diabète qui me vaut un dégoût éternel pour les endives et qui a été source d’un énorme stress pendant ces longs mois ? Au fond, je crois que dès le début j’ai eu envie de partager mon expérience. Surtout, il me fallait un moyen d’en tirer du positif, de l’utiliser pour essayer d’accomplir quelque chose qui me dépasse. Et la meilleure façon de le faire, c’était de mettre ces connaissances accumulées, ce vécu émotionnel et physique au service d’autres femmes qui allaient connaître cette épreuve du diabète enceinte.
💡 Le conseil que j’aurais aimé recevoir lorsque le diagnostic est tombé :
Tout faire pour se changer les idées. Éviter de construire une bulle dans laquelle tout tourne autour du diabète.
💡 Mon pire repas :
💡 Le plus difficile à vivre pendant ma grossesse diabétique :
Une mauvaise glycémie après avoir été exemplaire sur la composition du repas (ce qui m’est arrivé plus d’une fois). De manière générale : l’impossibilité de tout maîtriser.
💡 Ma pire glycémie :
1,83 g/L après une demi-pizza végétarienne maison.
💡 Les aliments qui faisaient exploser ma glycémie :
Tous les aliments et préparations à base de farine blanche.
💡 Les aliments qui favorisaient une bonne glycémie :
La viande (radical).
Les fruits à coque, y compris les noix de cajou, pourtant riches en glucides.
💡 Comment mon entourage a réagi :
Mon conjoint a perdu du poids. Il a mangé autant de légumes en 8 mois qu’au cours des 10 années qui ont précédé ma grossesse.
Mes parents ont constamment essayé de me rassurer.
C’est sur l’amitié que l’impact a été le plus important. Je ne m’y attendais pas. Chaque amitié est unique, chaque ami apportant quelque chose de différent. Dans ma tête, il n’y avait pas de hiérarchie. Pourtant, j’ai assisté dans un désarroi total à une sorte d’écrémage : certaines amies de longue date n’ont tout simplement jamais pris de mes nouvelles. À l’inverse, il y a eu des bonnes surprises : des personnes avec qui j’échangeais peu souvent se sont révélées très présentes et compréhensives pendant ces mois compliqués.
💡 Combien de kilos j’ai pris pendant ma grossesse (ça redevient très terre à terre…) :
6. J’ai tout pris au 3e trimestre, dès que j’ai attaqué l’insuline. Ça ne m’empêchait pas de flotter dans mes pantalons de grossesse taille XS.
💡 Mon accouchement : déclenché ou pas ?
Eh bien oui. Le protocole de ma maternité : dès qu’il y a prise d’insuline, on déclenche. Un mardi à 8h, on me pose un ballonnet. Je suis à 38 SA et mon bébé n’a aucune envie de sortir. Le déclenchement échoue. Mon enfant naît par césarienne le lendemain soir. Il pèse 3,030 kg pour 49 cm. Pas d’hypoglycémie. Il va parfaitement bien et je me dis que ce déclenchement n’avait pas lieu d’être.
💡 Pourquoi je suis légitime pour donner des conseils en matière de santé :
On en arrive à LA question ! Je peux vous dire que je me la suis posée 1 000 fois. Elle m’a hantée dès qu’a germée l’idée du blog.
De quel droit je m’autorise à parler de santé, à donner des conseils en la matière… Est-ce vraiment mon rôle ? Je me prends pour qui au juste ?
Malgré ces pensées lancinantes, j’ai monté ce blog avec mes tripes. Parce que je sais depuis le début que j’ai un bagage suffisant pour aider les femmes qui vivront la même chose que moi : cette expérience justement, mais aussi mon intérêt (très ancien) pour la nutrition, mes questionnements obsessionnels constants sur tout ce qui touche à la santé, à la maladie, et puis ma capacité (je crois) à bien expliquer les choses, et enfin mon empathie.
Il a toutefois fallu un déclic pour que je me débarrasse de ce sentiment désagréable d’illégitimité. Lors d’une consultation avec mon endocrinologue, praticien hospitalier et professeur d’université, j’ai lâché le morceau… J’ai dit à ce médecin, qui doit avoir à peu près mon âge (c’est complètement stupide, mais je ressens toujours une certaine proximité avec les gens de mon âge, parce que nous aurions pu être dans la même classe de 4e, nous dévisageant avec notre appareil dentaire et notre acnée) : « Voilà, j’ai créé un blog sur le thème “diabète et grossesse” ». Petite pause. Il ne crie pas au scandale. Il se contente de me regarder fixement (moi, non, je regarde mes pieds). Il attend la suite, alors je continue. On discute une petite dizaine de minutes sur le sujet. Il est cool, ne monte pas sur ses grands chevaux. Surtout, il comprend d’emblée ma démarche, la trouve utile. À la fin de la consultation, il me dit en me raccompagnant : « Je vous absous ! ». C’est EXACTEMENT les mots que j’avais besoin d’entendre. Une libération !
Mon vœu le plus cher désormais, c’est de parvenir à vous aider, avec mes moyens, avec mes outils, à vivre une grossesse la plus sereine possible. Je me fais une petite place à côté de vos médecins, qui ont l’expertise scientifique et des années de pratique (mais qui ne souffrent probablement pas de diabète).
+ infos :
📌 Récit complet de ma grossesse
📌 Ebook “Diabète gestationnel – Guide pratique” (il est pas cher 😉)
Si vous démarrez avec votre diabète gestationnel ou votre MODY 2 enceinte :
📌 Liste des aliments autorisés
📌 Prend-on sa glycémie 2h après le début ou la fin du repas ?
📌 3 solutions pour gérer la frustration
📌 Gestion des repas : 7 erreurs à éviter absolument
N’hésitez pas à m’écrire : stephanie@1grossesse1diabete.com