Je suis Stéphanie Langlais, autrice de ce blog, et ma première grossesse (qui sera aussi la dernière) ne s’est pas du tout passée comme prévu ! Le diabète gestationnel, je n’en avais jamais entendu parler avant que le diagnostic ne tombe, un peu plus d’un mois après être tombée enceinte. (Ce diagnostic sera d’ailleurs revu quelques semaines plus tard : je souffre en réalité d’un diabète MODY 2. J’en reparlerai dans l’article…)
Prendre ses taux six fois par jour pendant des mois : de la science-fiction ; un médecin qui force une patiente, enceinte qui plus est, à manger du fromage, sans pain, tous les soirs à 22h : un illuminé ; devoir se contenter de respirer les effluves de gaufres au chocolat toutes chaudes sans avoir le droit d’en manger une miette : un acte de torture. Bon, vous l’avez compris, au début, j’ai eu beaucoup de mal à accepter ce qui m’arrivait. Je me disais deux choses : « C’est injuste » et « Je n’y arriverai jamais ». Je m’inquiétais énormément pour mon bébé.
Mon histoire personnelle de la grossesse et du diabète doit ressembler à beaucoup d’autres : il y a eu des hauts et des bas, aussi bien au niveau des glycémies que psychologiquement ou dans le suivi du régime. J’ai fait au mieux, entre faim et frustration, entre petites victoires et doutes, entre tentation de tricher sur mes taux et réalité (qu’il faut bien se prendre en pleine figure à un moment donné). Mais il y a quelque chose d’important à dire, tout de suite, pour vous aider à ne pas plonger moralement : j’ai eu tendance à dramatiser la situation, ne voulant pas entendre les médecins qui me disaient en chœur que tout allait bien, que j’assurais, que mon diabète était équilibré malgré des taux parfois un peu trop hauts. Je ne me rendais pas compte à l’époque (mon fils a 20 mois aujourd’hui…) que jamais je n’essayais de positiver et que je me flinguais le moral parfois toute seule, en ruminant mes frustrations.
Donc ce témoignage doit avant tout servir à cela : vous montrer ce qu’il faut essayer de faire et, surtout, de ne pas faire, pendant les mois qui vous séparent de l’accouchement.
Le rééquilibrage alimentaire : récit de 7 mois de régime antidiabète
Les premiers temps, la modification du régime alimentaire a été très difficile. Je n’avais aucune info et adoptais de mauvais réflexes. Par exemple, au petit déjeuner, il m’arrivait de manger un gâteau sec, et rien d’autre. Non seulement ma glycémie montait en flèche, mais je crevais de faim. Je ne savais pas qu’une règle de base est de toujours manger les glucides avec un aliment qui n’en contient pas ou alors, pour le petit déjeuner, de manger du pain complet. Très vite, mes glycémies étant mauvaises, j’ai décidé de stopper les glucides, me disant : « ben comme ça je suis sûre que mes glycémies descendront ! » Très mauvais plan aussi, mon organisme, comme celui de mon bébé, avaient besoin de glucides.
La maternité m’a orientée vers une diététicienne, qui a rétabli ce qui n’allait pas dans mon régime. Enfin, j’avais les infos que j’attendais ! Cela m’a soulagée (enfin, plus ou moins, car mes glycémies étaient toujours au-dessus des seuils malgré un suivi strict des consignes alimentaires). J’ajoute que j’étais aussi gênée par les nausées.
Je dirais qu’il m’a fallu trois à quatre semaines pour bien assimiler les nouvelles habitudes à prendre. Les troisième et quatrième mois ont été les plus cools car j’ai pu maîtriser mes taux. Par ailleurs, suite à une hospitalisation, l’équipe de diabétologues a revu le diagnostic : pas de DG mais un diabète MODY 2, un diabète génétique très rare. Je vous passe les explications médicales mais les recommandations ont légèrement changé à ce moment-là : j’ai pu assouplir légèrement le régime (pas de produits sucrés tolérés pour autant ;-)) et me contenter de neuf prises de glycémie par semaine. Il fallait attendre de voir comment le bébé réagissait (prise de poids importante ou pas) pour soit durcir le régime soit l’assouplir encore plus. À la fin du cinquième mois de grossesse, l’écho a montré qu’il grossissait assez vite, donc j’ai durci le régime et recommencé à prendre mes glycémies six fois par jour, comme pour un diabète gestationnel.
Voici mes repas types :
- petit déjeuner : quelques tranches de pain complet avec du beurre + infusion non sucrée ;
- déjeuner et dîner : une entrée de légumes, un plat avec un féculent complet (riz, pâtes, couscous…), des légumineuses (pois chiches, lentilles…) ou des grains entiers type petit épeautre + un peu de viande + encore des légumes + une part de fromage sans pain + un fruit.
Quand j’avais faim en cours de journée, je me gavais de fruits à coque, en particulier de noisettes, d’amandes et de noix de cajou. Je précise que je ne prenais pas de collation car mes glycémies grimpaient trop ensuite.
L’évolution de mon diabète au cours de ma grossesse
Du diagnostic jusqu’à l’accouchement, mes glycémies ont évolué, à la hausse ou à la baisse selon les mois.
→ premier trimestre : glycémies assez élevées et plutôt difficiles à équilibrer. Le seul taux toujours bon est la postprandiale après le petit déjeuner.
→ quatrième et cinquième mois : glycémies meilleures et plus stables.
→ sixième mois : les taux ont commencé à déconner.
→ début du septième mois : mes taux sont montés en flèche, ce qui m’a valu l’instauration d’une insulinothérapie. Au début, j’avais de la lente le soir. Puis j’ai dû me piquer de plus en plus souvent, pour arriver à cinq injections quotidiennes. Mes glycémies postprandiales ont atteint un pic au milieu du septième mois puis se sont stabilisées jusqu’à la fin du huitième mois.
→ Au début du neuvième mois, les taux sont redescendus. Je suis restée sous insuline mais avec des doses plus faibles (3 ou 4 unités de lente, entre 5 et 8 unités de rapide).
Du fait de l’insulinothérapie, la maternité a décidé d’un déclenchement à 38 SA. Mon fils est né en pleine forme, sans qu’un suivi particulier ne soit nécessaire. Il pesait 3,030 kg, un poids impeccable (alors qu’à la dernière écho, à 36 SA, mon bébé était considéré comme macrosome car son poids estimé atteignait le 93e percentile).
La prise d’insuline en fin de grossesse diabétique : retour d’expérience
Eh bien c’était chaud…
>> J’en fais le récit détaillé dans cet article : Grossesse et insuline, mon témoignage
IMPORTANT AVANT LA LECTURE DU RECIT DETAILLE :
Il faut toutefois savoir que mon type de diabète (MODY 2) est un peu plus difficile à équilibrer que le diabète gestationnel selon mon endocrinologue. Par ailleurs, j’ai lu pas mal de témoignages de femmes enceintes ayant un DG qui ont été vraiment soulagées une fois qu’elles ont pris de l’insuline. Je relate mon histoire personnelle, ce n’est donc qu’un exemple.
Le diabète enceinte : une expérience difficile moralement et nerveusement
Voilà ce qui était dur, et qui m’a valu des pics de stress, de colère, de frustration :
- l’obsession des glycémies, avec à chaque fois la peur du chiffre qui va s’afficher ;
- l’incompréhension totale quand je me retrouvais face à une valeur élevée alors que mon repas était irréprochable ;
- la sensation d’être sans solution, démunie, quand j’avais l’impression d’avoir tout essayé pour stabiliser mes taux ;
- un rapport à l’alimentation qui s’est dégradé, jusqu’à, un jour, ne plus pouvoir avaler la moindre bouchée de quoi que ce soit. La bouffe avait fini par me dégoûter, purement et simplement. Cela a duré quelques jours, après environ cinq mois de régime. Après j’ai retrouvé le moral et, peu à peu, l’envie de manger ;
- le dérèglement total de mes taux quand j’ai commencé à prendre de l’insuline, ce qui m’a valu quelques glycémies yoyo (hyper / hypo). Or le gynéco m’avait mise en garde là-dessus, en me disant que c’était ça qui était mauvais pour le bébé. J’ai beaucoup culpabilisé.
Les leçons que vous devez tirer de mon témoignage concernant le diabète pendant la grossesse
Au vu de ce que je viens de dire, je vous conseillerais trois choses :
- être moins stressée ! Je n’y suis pas arrivée et c’est bien dommage. Sortez et changez-vous les idées dès que vous le pouvez ;
- pour celles qui veulent, comme moi, toujours être premières de la classe : ne vous mettez pas de pression excessive. Il n’est pas possible de tout maîtriser, car beaucoup d’autres facteurs que l’alimentation et l’exercice physique jouent sur les glycémies. De plus, pendant la grossesse, l’impact des hormones fait aussi b les taux ;
- concernant le régime, la règle numéro 1, qui a toujours marché quand je l’ai appliquée : manger les glucides le plus tard possible au cours du repas. Tout ce que vous avez mangé avant fera barrière et permettra une absorption plus lente des glucides, donc une glycémie moins élevée.
J’espère que ce témoignage vous aura aidées à mieux appréhender votre diabète !
Un grand merci pour votre témoignage qui m’a beaucoup aidée pendant ma grossesse (diabète très difficile à équilibrer dès le début de la grossesse, j’ai fini sous pompe.) Devant ma corpulence mince et mon âge -31ans-, l’endocrino a évoqué un type 1 tardif.
Ce n’était pas ça. Grâce à votre article, je suis allée faire des recherches sur le Mody que je ne connaissais pas. Cela ressemblait fortement à mon profil et à celui de nombreux membres de ma famille (non diagnostiqués). J’en ai parlé à mon endocrino, le résultat est tombé hier, je suis bien Mody 2 !
Alors ,encore merci, c’est un soulagement d’avoir un vrai diagnostic cohérent !
Bonjour Nolwenn,
Je suis ravie d’avoir pu vous être utile, ça fait énormément plaisir de lire un tel commentaire !
Je devine que vous avez accouché. Profitez-bien de votre bébé !